byleth hecate fergusson ; the storm.

Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier. Alors que c’était il y a plus de six cents ans. Je me souviens de ce vent glacé mais doux comme une caresse. Mes cheveux sombres voletaient tout autour de mon visage. Il faisait froid. Beaucoup trop froid. Ma robe de paysanne s’envolait gracieusement et j’effleurais la neige de mes pieds nus. En appréciant le contact glacé. Je me suis allongée dans la neige, observant le ciel comme quand on observe les étoiles. Et je me suis laissée emporter. Loin. J’avais 26 ans. J’avais encore un esprit d’enfant. Une naïve enfant. Je pensais que la vie était parfaite, que rien ne pouvait m’arriver. Des voix ont retentis, me sortant de mes pensées. Je les ai suivies. Intriguée. Elles ne m’étaient pas inconnues mais je n’aurais su dire à qui elles appartenaient. Je ne les voyais pas mais je les entendais. Ils riaient. S’éloignaient. Je sentais l’amour dans leur voix, dans leurs rires. Et puis plus un bruit, le silence. Je ne savais pas où ils étaient alors je me suis approchée, encore plus. Toujours plus. Jusqu’à les apercevoir. Allongés sur le sol. L’un sur l’autre. Un large sourire malicieux s’élargit sur mon visage. Ils ne me voyaient pas et pourtant moi je voyais tout, suivant la scène de loin. Leurs corps se mouvant en rythme. Leurs caresses. Je voulais partir mais quelque chose m’obligeait à rester. L’instinct. Et c’est là que je les ai reconnus. Lui et elle. Mon fiancé et ma sœur. Ca a été la première fois que c’est arrivé. La première fois que la colère a totalement pris possession de mon corps. Une sensation comme je n’en avais encore jamais eue. Mes poings étaient serrés. La respiration me manquait. Mon visage était froid. Et mon regard exprimait la soif de vengeance. Ma peau était encore plus diaphane qu’à l’habitude. Je me sentais trahie et je sentais la rage bouillonner en moi. C’était comme une explosion. Comme si je me réveillais enfin. Comme si la véritable Byleth faisait son apparition. J’aurais pu les tuer tous les deux. Sans attendre. Et interrompre leur acte. Mais je ne l’ai pas fait. Je voulais me vengeance terrible. Je voulais les détruire. Tous les deux. Et pour ça il me fallait attendre. Rien qu'un peu.

J'ai attendu la nuit. Avec impatience. Je n'avais pas réfléchi. J'avais confiance en mon instinct. J'allais me laisse guider par ma colère. Colère qui ne s'était toujours pas estompée. Elle avait même pris de plus en plus de moi à l'intérieur de moi même. Il n'y avait plus que ça. Je ne voyais plus que ça. L’heure de la vengeance. Et elle est enfin arrivée. Je m’étais vêtue d’une longue robe blanche pour l’occasion, ma plus belle robe. Celle que je réservais à mon mariage. Et j'ai rejoint ma sœur dans sa chambre. Elle dormait paisiblement. Un sourire amoureux sur ses lèvres. Elle me dégoutait. Je la haïssais plus que tout à cet instant. Elle ne méritait pas d'exister. Mes doigts ont saisi le collier qui ornait si joliment son cou. Et j'ai serré. De toutes mes forces. En pensant à ma colère. A sa trahison. Ses yeux se sont ouverts. J'ai vu qu'elle avait compris. Elle avait compris que je savais. Et elle n'a pas résisté. Elle s'est laissé aller à la mort. Ca n'en a été que plus difficile. Comme si elle voulait cette mort et que je lui donnais ce qu'elle voulait. J'aurais préféré qu'elle se débatte, qu'elle résiste. Mais j'ai continué de serrer. Jusqu'à ce que je n'entende plus son coeur battre. J'ai déposé un doux baiser sur son front avant de partir. Je n'avais pas versé une seule larme. Elle ne valait pas la peine que je pleure pour elle. J'avais faite ce que je devais faire. Du moins une partie. Tout n'était pas encore fini.

Il était là. Là où il passait la plupart de ses nuits. Assis dans le petit cabanon qu'il avait bâti de ses propres mains. Pour être au calme quand il le souhaitait. Je l'ai rejoint. Me suis assise à ses côtés et l'ai embrassé avec toute la passion dont j'étais capable. Il n'a pas été surpris. Il était habitué. Il m'a souris. Mais pas d'un sourire amoureux comme je savais qu'il aurait adressé à ma chère et tendre sœur. Un sourire amical. Il n'y avait rien de plus dans son regard. C'est là que ma colère a explosé. Voir son regard si innocent. Je n'en pouvais plus. Et j'ai perdu le contrôle. Mon regard est devenu haineux. Jamais il n'avait vu cela. Et j'ai lu la peur dans le sien. J'ai serré le couteau dans ma main. Et je l'ai planté dans son ventre avec force. Une fois. Deux fois. Puis trois. Jusqu'à ce que son sang se répande partout. Mes mains en étaient maculées. Ma robe n'était plus blanche. Et il vivait encore. Moi je prenais un malin plaisir à le voir souffrir. Lentement.

« je t'aimais. si tu savais comme je t'aimais. »
« va au diable ! »

Ses dernières paroles. Son dernier souffle. Celui que j'aimais s'est éteint devant mes yeux. En quelques heures j'avais tué les deux êtres les plus chers à mes yeux. A cause de la colère. Je savais ce qu'il me restait à faire. J'ai couru jusqu'à la falaise. Et je suis restée immobile devant le vide pendant quelques minutes. C'est ce que j'avais toujours voulu. Mourir en sautant d'une falaise. Juste pour sentir la sensation quand on tombe. Et j'ai sauté. Sans me poser de question. J'ai senti ce que j'avais toujours voulu sentir. Cette sensation inexplicable. Et puis plus rien. Mon coeur avait cessé de battre. La mort.



« bienvenue en enfer ma chère. »

Une voix masculine assez agréable m'accueillit tandis que j'ouvrais lentement les yeux. Mes yeux se sont d'abord posés sur ma robe blanche tachée de sang, me rappelant de mes actes. Et ensuite j'ai levé les yeux vers lui. Qui était il ? Une telle beauté ne pouvait pas exister. Ses yeux étaient d'une couleur étrange mais envoutante. J'étais tellement captivée par cette beauté que je n'avais pas réalisé où j'étais réellement. Un être aussi beau ne pouvait exister qu'au paradis. Et, pensant au Paradis, je me suis rendue compte du nom qu'il avait mentionné. Les Enfers ! Mes yeux se sont écarquillés. De stupeur. De colère. Je ne pouvais pas être en enfer. Qu'avais-je fait pour mériter un tel châtiment ?! Je me suis levée avec violence, refusant la main que l'homme me tendait. Et je me suis saisi du seul cadre qui ornait le mur, le brisant au sol, de l'autre côté de la pièce.

« vous n'avez pas le droit ! qui donc peut décider ainsi de qui va ou non au paradis. c'est eux qui devraient être ici, à cette place. et non moi. j'ai fait ce que je devais faire. ce qui devait être fait. ils ont eu ce qu'ils méritaient. tout ce qu'ils méritaient. emmenez moi autre part ou vous allez regretter votre acte. »

J'aurais pu tout détruire sur mon passage tellement j'étais en colère. Seulement la pièce était vide. Totalement vide. Et l'homme me souriait. Amusé par mon comportement.

« c'en est trop ! assez ! leur trahison et ensuite les enfers ! dites donc quelque chose au lieu de me regarder ainsi avec ce sourire que je n'apprécie guère. »

Ma voix résonnait dans la pièce avec violence. Je sentais même les murs trembler. Où était-ce mon corps qui tremblait de colère ?! Et toujours aucune réaction de la part de cet homme qui me souriait. Et puis une femme est arrivée. S'est inclinée légèrement devant celui qui me faisait face avant de lui adresser la parole.

« Maître avez-vous besoin d'aide ?! les démons commencent à se plaindre du bruit que fait cette ... »
« cette quoi ? allez y, dites moi ce que vous pensez ! »
« allons, du calme byleth. non merci, je n'ai pas besoin d'aide et dites donc à ces démons que je suis toujours le maitre et que tant que je n'ai pas décidé que ce bruit cesse, il ne cessera pas. »

Elle est partie. Aussi vite qu'elle était venue. Et celui que l'on appelait maître a reporté sur attention sur moi. Me détaillant de la tête au pied avec un regard déconcertant. Malgré ma colère je sentais une forte attirance pour cet homme. Et je ne devais pas être la seule femme à ressentir cela.

« qui êtes vous ? »
« je suis Malphas Alastor Fergusson : le maître des enfers ; ton maître. et dorénavant tu seras la démonne de la colère ; péché qui te va à ravir. »

Je ne comprenais pas mais je n'ai rien dit. Il m'a invité à le suivre et c'est ce que j'ai fait. Je sentais déjà une admiration qui grandissait en moi pour cette homme que je voyais pour la toute première fois.